Devenir formatrice d’adultes: interview avec Myriam Jeanbourquin
Former d’autres adultes dans son domaine d’expertise ne s’improvise pas. C’est pourquoi, effe et la BFB collaborent concernant la formation de formateurs et formatrices d’adultes avec certificat FSEA et brevet fédéral. Notre chargée de cours Myriam Jeanbourquin a suivi le premier module et nous partage son expérience.
Myriam Jeanbourquin, vous êtes économiste de carrière et chargée de cours dans les formations de marketing et vente à la BFB. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de ce qui vous a amené à enseigner la comptabilité dans des formations pour adultes ?
Mon parcours professionnel est passé par Genève, Monaco et Neuchâtel, où j’ai appris le métier de trésorière grâce à des collègues expérimentés. La plupart du temps j’ai trouvé leurs explications plus claires que la théorie.
Quand j’ai eu moi-même assez d’expérience, il m’est apparu évident que c’était à mon tour de transmettre une partie de mes connaissances. J’ai aussi eu à cœur de vulgariser une matière qui ne semble pas facile de prime à bord.
Vous continuez aussi à vous former, notamment avec le module 1 « Animer des sessions de formation pour des groupes d’adultes » menant au certificat FSEA et proposé en partenariat avec effe à Bienne. Qu’est-ce qui vous a incité à suivre cette formation et comment complète-elle votre parcours ?
En classe, j’ai parfois eu l’impression que je ne trouvais pas la bonne approche pour expliquer tel ou tel concept. Avec le certificat FSEA, j’ai pu acquérir une meilleure compréhension des paramètres en jeu pour trouver la bonne « clé » dans la plupart des situations. Pendant cette formation, l’expérience que j’avais déjà acquise me donnait l’exemple de situations réelles et c’était plus facile de mettre en rapport la théorie et la pratique. Ensuite, cela m’a permis d’avoir l’esprit plus ouvert et de tenter de nouvelles approches ou méthodes pendant mes cours.
Quels sont les principaux concepts ou compétences que vous avez acquis durant cette formation et comment pensez-vous les appliquer dans votre rôle de chargée de cours ?
Avec 10 autres apprenants nous avons vu l’historique des méthodes d’apprentissage et leur évolution du début du 20ème siècle à nos jours. Chaque époque, courant ou penseur a apporté du nouveau pour améliorer ledit apprentissage. J’ai remarqué que certains schémas étaient quasi innés – comme la boucle de Kolb qui décrit comment nous apprenons par expérience : nous analysons le résultat et en fonction de nos observations nous corrigeons nos erreurs ou améliorons le processus. D’autres manières d’apprendre ou concepts allaient moins de soi, par exemple selon Houssaye il y a trois intervenants dans cette transmission de connaissance : l’apprenant, le formateur et le savoir. Ce qui signifie qu’il y a trois relations, celle entre l’enseignant et l’étudiant – qui relève de la pédagogie -, mais aussi celles entre chacune des personnes avec le savoir, ce qui sous-entend que tous deux ont une responsabilité, l’une de transmettre et l’autre d’assimiler ces connaissances – respectivement la didactique et l’apprentissage.
C’était moins évident pour moi lorsque je me situais en terrain inconnu, c’est-à-dire avec des méthodes que je n’avais pas envisagées jusque là. C’était aussi très intéressant d’entrevoir les interactions possibles et parfois deux méthodes d’apprentissage peuvent se compléter et être utilisées en même temps. La formation m’a appris de nouveaux concepts et les échanges avec les autres apprenants ont également été très riches de par les apports de chacun.
Pour chaque nouveau cours, je me pose la question de quelle méthode pourrait être utilisée ou ce que je pourrais changer afin de rendre l’échange plus interactif ou enrichissant.
Au siècle passé, l’enseignement se faisait principalement par transmission du savoir. Aujourd’hui, il y a bien d’autres manières de former les adultes, et cela peut également passer par les moyens techniques actuels, telles que des applications sur les smartphones et parfois auxquelles on peut même se connecter en groupe.
Quels sont les aspects les plus gratifiants et qu’est-ce qui vous motive à continuer à enseigner la comptabilité ?
C’est gratifiant lorsqu’un·e étudiant·e a le déclic, comprend de quoi on parle et comment utiliser les informations dans la vie professionnelle.
Ce qui me motive à continuer d’enseigner c’est quand je remarque qu’une ou plusieurs personnes ont évolué au fil du cours et c’est aussi parce que la formation d’adultes est un domaine vaste et complexe où l’on continue d’apprendre avec chaque nouvelle classe puisque chaque individu est unique et chaque classe est différente.